Impala

Pimp my Ride, Shwarzie, tuning et agrocarburants.

Article mis en ligne le 15 septembre 2007
dernière modification le 5 octobre 2021

par Laurent

Je viens de voir sur MTV un épisode de cette fameuse émission Pimp my Ride où le but du jeu est de transformer une épave en voiture quasi neuve bourrée de technologie.

Dans l’émission d’aujourd’hui, un invité surprise : Arnold Schwarzenegger. Celui-ci se vantant d’être un adepte de l’écologie parrainait l’émission spéciale environnement de Pimp my ride.

La voiture à « pimper » est une Impala 66 SuperSport, une grosse voiture américaine des années 60 qui aurait pu être l’une des vedettes de Boulevard de la Mort.

Pimp My Ride

Au programme de cette spéciale écologie pour l’Impala : une moquette en PVC recyclée à partir de bouteilles plastiques [1], une sellerie en chanvre bio non traité [2] et dans le coffre une console pour la sono en bois recyclé également. Mais la star de la modification de cette caisse, était le changement total du moteur d’origine pour un nouveau tournant exclusivement au « biodiesel ». Mais attention ! Pas n’importe quel biodiesel, du diester issu de plans de colza OGM américain pure souche, en provenance des fières plaines de l’état de Washington.

Impala SS
Une Chevrolet mythique des années 60

Lors de cette émission une autre chose me perturbait. L’équipe qui modifiait la voiture se vantait d’installer un moteur deux fois plus gros et trois fois plus puissant que le moteur original. Le moteur étant turbocompressé, celui-ci était trois fois plus puissant que le moteur d’origine de l’Impala déjà bien gros. Ils disaient qu’ils avaient installé un moteur de camion aussi puissant qu’une Lamborgini moderne. Preuve à l’appui, car la caisse quarantenaire a battue l’italienne côte à côte en effectuant une montée à 100km/h en 3 secondes sur une piste droite.

Alors, je me pose une question. Où est l’écologie là-dedans ? Utiliser du « biocarburant » selon les propos même de Shwarzie permet d’émettre entre 30 et 40% de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre en moins qu’un moteur traditionnel. Mais si c’est pour multiplier par trois la puissance du moteur, où est le gain ? J’ai fais mon petit calcul, le nouveau moteur de l’Impala dégagerait 110% de plus de CO2 que l’ancien. Et Arnold d’ajouter avec beaucoup de sérieux : « Moi, j’ai aussi changé plusieurs de mes voitures pour les rendre plus respectueuses de l’environnement. (...) Je crois sincèrement que c’est la technologie qui va sauver le monde. (...) Ce n’est pas les 4x4 ou la puissance des moteurs comme certains le disent qui est en cause, mais bien la technologie et en changeant la technologie des moteurs de nos voitures, nous allons régler les problèmes du réchauffement de la planète. » [3]

Je ne sais pas vous, mais vu l’exemple, j’ai du mal à être convaincu.

Agrocarburants

Cette anecdote me permet d’aborder le thème des agrocarburants. En effet, je préfère le terme d’agrocarburant, car les faire passer pour « bio » relève de l’arnaque flagrante. Car, si effectivement, les agrocarburants dégagent beaucoup moins de dioxyde de carbone que les énergies fossiles et qu’ils s’érigent en alternative possible face à l’assèchement inexorable des nappes pétrolifères, ils n’ont rien de biologiques et ne sont absolument pas le salut de la planète. Un rapport de l’ONU met d’ailleurs en doute l’efficacité de ces solutions

Et, une étude de l’Université de Stanford aux États-Unis montre même qu’à défaut de dioxyde de carbone, contrairement au carburants issus du pétrole, c’est de l’oxyde d’azote et de l’ozone qui sont produits en plus forte quantité lors de la combustion de bioethanol. Ce sont des gaz qui ne sont pas sans conséquences sur la santé des habitants et sur l’opacité de l’air des grandes villes . Sans compter que ces cultures entre en concurrence direct avec celles qui nous nourrissent.

Le prix de la baguette

Quand je disais dans un article précédent qu’entre rouler et manger, il faudrait choisir, je ne pensais pas que j’aurais raison aussi rapidement. Car en effet, ce qu’on ne dit pas à la télévision, c’est que l’actuelle hausse incroyable du prix des céréales qui se reporte mathématiquement sur le prix de la baguette du boulanger est dû à l’investissement massif des grands groupes pétroliers vers ce nouvel or noir.

Le secteur redevient tellement attractif pour les investisseurs que les agriculteurs vont se mettre à fond dans ce nouveau débouché délaissant petit à petit les filières alimentaires. Le développement des monocultures et la course au rendement sont de nouveau partis à plein régime avec l’arrivée de ces nouveaux capitaux. Et ça ne sera pas sans conséquence sur notre niveau de vie.

Environnement

Au Brésil, la culture vivrière et la forêt primaire sont sacrifiées à l’hôtel de la canne à sucre à éthanol. De plus, il s’agit d’une culture sur brûli qui paradoxalement avec le but recherché est une méthode forte émanatrice en CO2 que la forêt amazonienne peut de moins en moins absorber. Ces cultures augmentent l’érosion du sol et consomment une très grosse quantité d’eau (de l’ordre de 3.900 litres par tonne) . En Indonésie, alors que dans les forêts la « gestion harmonieuse » du teck commençait seulement à porter ses fruits, les bucherons décident d’en arrêter l’exploitation pour tout raser et planter de plus en plus de palmiers dont l’huile permet un très bon rendement en diester au détriment de la diversité végétale. Au Mexique, le prix du maïs, traditionnellement destiné à l’alimentation, a déjà augmenté de 40%. Des variétés de colza OGM sont développés en Europe.

Et la France dans tout ça ? Et bien, elle devrait avec l’Europe soutenir un objectif de 10% d’agrocarburants pour l’ensemble des transports terrestre dès 2012. Ce qui implique des subventions ou des défiscalisations dans le secteur et surtout une actuelle redéfinition de la politique agricole commune visant ce but (avec notamment la suppression des jachères imposées par l’Union Européennes). Pour tenir ses objectifs en agrocarburants, la France devra en effet, dès 2008, mobiliser 2 millions d’hectares supplémentaires en oléagineux, blé et betterave. Le prix de la baguette n’a pas fini de grimper !

Un impala africain

Un Impala, c’est une espèce de gazelle de la savane africaine. Pendant combien de temps pourront-ils gambader librement encore ?


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